Le XIVème arrondissement de Paris à travers cartes et plans

dimanche, mars 07, 2010 Publié par Philippe M.

Mieux connaître le 14ème arrondissement de Paris
à travers cartes et plans



Cette promenade « à travers cartes et plans » dans l’arrondissement, est née d’un souci de mieux connaître un quartier et d’aider ainsi à lui porter un autre regard, mais aussi, d’une constatation et d’une curiosité :
La constatation : Paris dispose d’un certain nombre de plans anciens :
· Plan de Truchet et Hoyau ou Plan de Bâle (circa 1550) ;
· Plan de Mérian ou de Visscher (1618)
· Plan de Gomboust (1652)[1]
· Plan de Turgot
Pour ne citer que les plus connus et les plus célèbres.
Mais, ces plans présentent le Paris de leur époque c’est à dire une ville dont la superficie est beaucoup plus faible qu’elle ne l’est actuellement. Les arrondissements intégrés à Paris en 1860 comme c’est le cas du quatorzième arrondissement, n’y figurent pas ou du moins pas expressément, or, ne l’oublions pas, Paris a plus que doublé de superficie sous Napoléon III[2]. Quand aux villages périphériques ils ne donnaient pas lieu à une cartographie. Lorsque nous sommes renseignés sur tel ou tel espace c’est en principe à travers des plans de domaine ou des terriers. L’étude de ces documents n’entre pas dans la présente approche.

D’où la curiosité.
En effet si il n’y a pas de plans doit-on pour autant rester sur notre faim et penser, finalement, qu’une partie de la ville n’a pas de mémoire ?
Certes non ! Il faut essayer d’aller au delà, de voir plus loin et la quête est alors relativement importante comme nous le constaterons. Elle s’inscrit dans la démarche initiée par François Loyer qui écrivait « les villages de la couronne, situés en dehors de l’enceinte des Fermiers Généraux, ont été longtemps ignorés par les historiens de la capitale »[3].

Cette promenade est aussi le moyen de dégager une méthode pour connaître un territoire et voir comment il évolue en se servant, en l’absence d’autres documents, des cartes léguées par l’histoire et qui bien qu’établis dans d’autres buts que de parler des lieux que nous voulons étudier nous renseignent sur eux.


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Cette quête effectuée à travers les documents anciens en essayant de les relire avec attention nous éclaire assez bien sur la vie du quatorzième avant son existence comme arrondissement de Paris. Elle prouvera une fois de plus combien les cartes et les plans, au même titre que les documents écrits tels que les chartes ou les terriers ou les minutes de notaires ou encore les gravures anciennes sont des sources précieuses pour l’histoire quotidienne.

Nous disposons, heureusement, d’un corpus important au travers duquel nous allons flâner car cette conférence se veut aussi une promenade à travers l’arrondissement et l’encouragement à aller voir sur place, en tous les cas, à mieux comprendre le paysage qui nous entoure et qui fait notre quotidien, du moins pour ceux qui vivent dans l’arrondissement. Bien sûr le propos ne se veut nullement exhaustif et d’ailleurs en la matière, et pour le chercheur en général, l’exhaustivité n’existe pas car, heureusement, pour lui il y a toujours de nouveaux documents à découvrir et à faire parler…A défaut de viser l’exhaustivité j’ai plutôt chercher l’originalité. Ainsi je parlerai peu de Montparnasse et des édifices ou lieux les plus cités habituellement pour porter le regard sur des aspects moins connus de l’arrondissement.

Dans une première partie il s’agira de faire parler certaines cartes et plans en prenant comme pivot la date de 1860 puisque après, comme cela vient d’être rappelé l’arrondissement devient parisien et se trouve donc présenté dans les cartes comme le reste de Paris. Il s’agit dans cette partie d’éclairer la vie du quatorzième « avant la vie ». De porter quelques flashs sur son histoire ;

Dans une seconde partie pour continuer notre découverte nous verrons comment nous faire parler les documents d’avant ou d’après 1860 en ce qui concerne l’évolution de quelques éléments du patrimoine bâti qui scandent notre environnement, notre cadre de vie. Or les cartes, sur ce point aussi, sont d’un précieux enseignement.

1ere partie :
Le quatorzième de la banlieue à la ville.

Le secteur qui allait donner, après 1860 le quatorzième arrondissement de Paris, figure, même si ce n’est que pour partie, dans de nombreuses cartes qui présentent Paris « et ses environs » et qui furent publiées très tôt tant il apparaissait aux contemporains que Paris formait un tout avec sa campagne environnante.

1. Bref inventaire des cartes consultées qui peuvent être utiles à la connaissance de l’arrondissement :
Parmi les deux premières que l’on peut citer il y a celle de Gomboust (1652) et celle de Jouvin de Rochefort de 1675. Elles donnent quelques détails sur lesquels nous reviendrons mais elles sont très partielles par rapport à notre sujet d’étude.
Bizarrement d’autres cartes apparemment moins précises montrent que le site de l’actuel quatorzième correspond déjà à un territoire bien identifié qui a déjà sa représentation cartographique qui témoigne d’une identité reconnue. C’est l’enseignement de la Carte de l’Académie de 1674 sur laquelle trois notations portent sur l’arrondissement : l’observatoire royal, la Santé, Montrouge.
Au 18° siècle, parmi les cartes topographiques plus détaillées, la première vraiment utilisable, est celle de Roussel dont la première édition date de 1730. Ses éditions postérieures –sur lesquelles nous reviendrons- apportent des précisions loin d’être négligeables. En effet, il s’agit d’un véritable outil qui s’inscrit dans le temps puisque cette carte a connu des éditions multiples jusqu’au milieu du XIX° siècle or, comme dans bien d’autres exemples en matière de cartographie il ne s’agit pas de réédition mais d’éditions revues et complétées. Ainsi de l’une à l’autre on peut noter des évolution et suivre ainsi la vie d’un territoire époque après époque.
A cette première carte viennent s’ ajouter la carte de l’Abbé de La Grive, la carte des Chasses du Roi qui a connu elle aussi plusieurs états, celle de Dom Coutans et les premières cartes dites d’Etat-major pour la situation dans la première moitié du XIX° siècle. La lecture de ses cartes permet de suivre l’évolution de l’arrondissement à travers la fixation de ses limites puis de l’occupation du sol où le bâti prendra peu à peu la place et l’importance qu’on lui connaît. Il faudra voir selon quelle logique.

2. La fixation des limites et des axes majeurs :
Les cartes anciennes permettent de cerner le territoire de l’arrondissement. Dés le début du XVIII° siècle ses contours et ses axes principaux sont, en effet, déjà reconnaissables, mais les premières limites sur lesquelles il convient de s’arrêter sont celles des deux enceintes qu’a connu l’arrondissement et qui l’ont marqué : le mur des Fermiers généraux, l’enceinte dite de Thiers.

a) Un arrondissement marqué par ses enceintes :
Comme pour d’autres arrondissements périphériques l’arrondissement a été profondément marqué par les deux enceintes qu’il a connues l’une au nord, l’autre au sud.
· Le mur des Fermiers Généraux a laissé des traces à commencer par les deux bâtiments édifiés sur des Plans de Ledoux et qui sont toujours Place Denfert-Rochereau. Plusieurs cartes le figurent, mais surtout il a laissé des repères encore actuels. Trois cartes permettent de comprendre l’évolution topographique de la partie nord du quatorzième concernée par l’enceinte des Fermiers Généraux. Pour mémoire rappelons que celle-ci décidée en 1784 est une enceinte fiscale et non défensive. Il s’agissait d’un mur d’environ 24 km de long[4], d’une hauteur de 3,30 m. Il était longé par un chemin de ronde de 12 m de large. Il y avait soixante barrières prévues pour franchir l’enceinte dont plusieurs dans l’actuel 14° arrondissement : en partant de l’Ouest : barrière des Fourneaux (en fait actuellement limite 15/14°), barrière du Maine, barrière de Montparnasse, barrière de Montrouge (angle bd Raspail et bd Edgar Quinet), barrière d’Enfer, barrière Saint-Jacques, barrière de la santé (limite 14/13°). L’enceinte s’accompagnait d’une interdiction de construire de 100 m. Cette enceinte marqua les limites de Paris jusqu’en 1860 époque où sa destruction commença, l’ancien chemin de ronde devenant les boulevards dits « extérieurs », pour notre arrondissement Boulevard Saint-Jacques, Boulevard Raspail, Boulevard Edgar Quinet et non pas Boulevard du Montparnasse qui, lui, existait déjà au milieu du XVIII° siècle comme le montre la carte de l’Abbé de La Grive.
La carte de l’Abbé de La Grive qui date de 1740 ne fait nulle mention de l’enceinte des Fermiers Généraux, alors qu’en revanche elle indique les projets de grandes voiries structurantes prévues par les urbanistes parisiens, boulevard du Montparnasse que nous venons de citer notamment.
Seconde carte distante d’une vingtaine d’années, celle de Roussel dans sa version des années 1760. Les travaux urbanistiques d’aménagement ont continué, il y a, désormais un véritable projet d’un boulevard circulaire entourant le sud de la capitale. Pour notre secteur il englobe les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Marcel.
Enfin troisième carte, toujours celle de Roussel mais dans son édition de 1793. Cette fois les murs des fermiers généraux apparaît clairement avec ses différentes barrières. On notera plus particulièrement la place Denfert Rochereau dont on retrouve le tracé actuel mêlant formes circulaire et carrée. Les deux pavillons de Ledoux sont bien visibles également.
En l’espace de soixante dix ans, à travers trois cartes plusieurs traits encore actuels de l’arrondissement sont fixés.

· L’enceinte dite de Thiers.
Paris n’ayant aucune fortification avait été déclaré ville ouverte lorsque l’ennemi la menaça en 1814 puis 1815. Le roi louis XVIII avait réagi et la commission de Défense du territoire avait préconisé dans un rapport du 18 juillet 1820 de mettre Paris en état de défense. Cela resta vœu pieux jusqu’en 1830 où un comité de fortification relance le débat qui s’enferre dans une question théorique entre les partisans d’une enceinte fortifiée tout autour de Paris et de ses faubourgs et ceux de la constitution d’un camp retranché beaucoup plus large reposant sur une série de forts. Une nouvelle commission dite de « Défense du royaume » créée en 1836 fait adopter le 6 juillet 1838, un plan combinant les deux systèmes qui commencera à être mis en œuvre en 1840-41. Le projet pour Paris est monumental : l’enceinte est longue de 39 kilomètres, la Carte du Département de la Seine de 1860 en rend compte. C’est à l’époque la plus vaste du monde. La fortification fait 140 m de large, elle s’accompagne d’une zone non aedificandi de 250 m. Les actuels Boulevard des Maréchaux (Brune, et Jourdan) servent de voie de liaison et de service. Réparties en 10 chefferies dont une du Petit-Montrouge, il y a en tout 94 bastions. Pour le quatorzième ce sont les bastions 76 à 84 de la porte de Didot à celle de Gentilly. Il reste un morceau de la Porte d’Arcueil le reste ayant été détruit par décision législative du 19 avril 1919, l’ensemble des terrains ainsi libérés ayant permis la triple ceinture actuelle de Paris bien visible dans l’arrondissement : celle des immeubles dits de la ville, HBM ou HLM de l’entre deux guerres remarquables par leur construction faisant appel à la brique ; celle dite de la ceinture « verte de Paris » occupée par des stades, des squares et le cimetière de la porte de Châtillon (ancien cimetière de Montrouge) ; et enfin celle du périphérique qui isole à plusieurs endroits les dernières rues de Paris : boulevard Adolphe Pinard, par exemple.

b)- Les axes majeurs :
Dés les cartes de Roussel, de l’Abbé de la Grive et des Chasses du Roy (c’est à dire donc au milieu du XVIII° siècle) on voit se dessiner à gros traits les axes structurants de l’arrondissement.
D’abord à travers une sorte de grand X fermé en haut et en bas. L’X est formé d’une part de la route d’Orléans, actuelle avenue du général Leclerc, dans ses deux rameaux nord et sud coupé par le carrefour du « Petit Montrouge », les deux autres jambages de l’X sont formés par la chaussée du Maine (actuelle avenue) et la chaussée de Châtillon (actuelle avenue Jean Moulin).
Les autres principaux axes se confondent avec les limites de l’arrondissement.
Les cartes du XVIII° siècle nous renseignent aussi sur le réseaux viaire avec un certain nombre de repères encore actuels : il en est ainsi par exemple de la rue Friant, de la rue des Plantes.
L’existence de ces axes préexistant aux réformes haussmanniennes est intéressante à noter. En effet elle explique que l’arrondissement n’a pas connu une grande percée comme ce fut le cas pour d’autres arrondissements périphériques. Pensons, par exemple, parce que c’est proche de l’arrondissement la percée de la rue Jeanne d’Arc dans le 13°. Dans le quatorzième rien de similaire ce qui permet un respect du parcellaire ancien et du bâti ancien.
En fait la seule vraie percée mutilante pour le parcellaire d’origine est celle de l’Avenue du Maine qui date du début du 18° siècle c’est à dire d’avant l’urbanisation et qui demeurera jusqu’à nos jours comme un axe « original » ne trouvant vraiment sa raison d’être comme pénétrante que depuis les années 60/70.

c)- Les limites :
Au nord, sur la carte de l’Abbé De la Grive une quadruple rangée d’arbres figure clairement l’actuel boulevard du Montparnasse (dans sa partie, rue de Rennes, Boulevard Saint-Michel). La limite sud est à fixer aux alentours du « Grand Montrouge », par opposition à petit Montrouge qui correspond à l’actuel secteur Alésia/Place Victor Basch. Ce Grand Montrouge deviendra, après 1860, la commune de Montrouge[5] au delà de l’actuel boulevard périphérique. Plus précisément l’esquisse de la limite actuelle se marque, sans doute, par une des deux allées transversales, bordées d’arbres qui mène à deux des trois domaines de Grand Montrouge. La préférence irait pour l’allée la plus au nord qui correspond aussi au point de départ d’une voie menant à Montrouge et que l’on peut assimiler au tracé initial de la D. 128.
A l’est deux « limites » de l’arrondissement existent, d’une part avec la voie qui prolonge la rue Saint-Jacques venant du centre de Paris, actuelles rues de la Tombe Issoire et du Père Corentin, et initialement ancienne route de Paris à Orléans, d’autre part le tracé de l’aqueduc d’Arcueil encore en service au XVIII° siècle[6]. L’Abbé de la Grive fait aussi figurer l’hôpital de la Santé actuellement Sainte-Anne desservi par les actuelles rue de la Santé et de la Glacière qui forme la vraie limite de l’arrondissement avec la rue de l’Amiral Mouchez.
L’Ouest, un axe partant du Moulin de la Pointe (actuelle rue Falguière, dans le XV°), semble marquer une limite naturelle entre les bourgs de Vaugirard et de Montrouge, ce que confirme la Carte de Roussel qui figure les reliefs et qui montre le double vallonnement de ce secteur. C’est à peu de choses près la limite actuelle située à quelques mètres en retrait du boulevard de Vaugirard. Il ne faut pas oublier que les travaux du chemin de fer ont bousculé le site.

3. L’occupation du sol :

Ce premier cadre placé que peut-on dire de l’occupation du sol ?
Les cartes du 18° siècle laissent apparaître trois modes d’occupation : des cultures qui couvrent la majorité du territoire, quelques domaines importants surtout dans la frange nord, les traces d’activités économiques dont deux particulièrement importantes : les carrières, les moulins. Le bâti n’apparaît prédominant qu’au milieu du 19° siècle, sauf quelques grands domaines sur lesquels nous reviendrons ultérieurement.

· Les cultures
A l’origine les cultures et l’élevage occupaient la majorité de l’espace. C’est ce que montre la carte de Jouvin de Rochefort, et avant, mais de manière plus suggérée celle de Gomboust qui figure le sud du Paris d’alors en champs.
Selon les règles de la possession foncière du temps si des exploitants s’occupaient des terres celles-ci appartenaient à des propriétaires qui les faisaient valoir. N’oublions pas que les terres furent jusqu’à la première guerre mondiale la première source de richesse.
A l’est, de la ligne formée par l’actuelle avenue du Général Leclerc, ex Route d’Orléans, en règle générale, les terres dépendaient de la Commanderie Saint-Jean de Latran sous la juridiction de l’Ordre de Malte et, à l’ouest, de l’abbaye de Sainte-Geneviève. Le souvenir de la commanderie de Saint-Jean demeure dans l’actuelle rue du Commandeur.
Attention de bien noter que jusqu’au 18° siècle (cf. Jouvin mais encore les cartes de Roussel ou de l’Abbé de la Grive figurent les parcs ou les masses de culture sans que les différentes couleurs ne puissent être prises pour des parcelles cadastrales. Il faut attendre le 19° siècle pour avoir des cartes figurant le parcellaire, la Révolution ayant fait son œuvre entre temps de sacralisation de la propriété privée. En revanche, sur les deux ou sur la carte des Chasses, on note, sur le secteur qui nous concerne, une « remise » à l’ouest du carrefour du Petit Montrouge (remise de la Justice). Ces remises, nombreuses à l’époque étaient des réserves de chasse situées dans les plaines où le roi allait chasser « une fois l’an »[7]

· Les activités :
Les cartes sont plus prolixes pour ce qui tient aux activités effectuées alors dans l’actuel quatorzième arrondissement.
La carte de Jouvin de Rochefort figure plusieurs personnages en situation sur lesquels on peut s’arrêter un instant. Il y a en effet plusieurs groupes intéressants : Un premier ensemble concerne des individus qui se livrent à des activités « viriles » liées plus ou moins à la guerre ou au code de l’honneur. Il y a deux groupes de duellistes : l’un à l’arme blanche (un des quatre personnages est déjà à terre) et l’autre, à cheval à l’arme à feu (à gauche du chemin de Vanves. On peut se poser des questions sur la place donner dans cette carte au duel. Nous sommes en 1690, époque où justement le duel est interdit.
Enfin lorsque l’on sort de Paris, au nord et au sud du Mont Parnasse) et un groupe, un peu plus au sud (entre les chemins de Vanves et de Châtillon) qui pratique des exercices d’équitation.
Un autre groupe semble se livrer à des activités de détente. Une sorte de jeu de boules.
En dehors de voyageurs à pied ou à cheval les autres personnages se livrent à des activités économiques.
Deux ressortent sur plusieurs cartes : les carrières de pierre, les moulins.

a) Les carrières :
Ce secteur était en effet celui de nombreuses carrières de calcaire dont on taillait les pierres de construction de Paris. Jouvin, Roussel, de La Grive les mentionnent par un symbole sur leur plan respectif. Cette constante marque l’importance de cette activité.
Jouvin (voir détail de la carte) qui met des personnages en situation présente au moins deux activités liées à ces carrières. On distingue sur sa carte un ouvrier qui semble trier les pierres au sortir du puits, ce qui doit correspondre à distinguer des qualités ou des tailles spécifiques pour tel ou tel usage ; on distingue pareillement un lourd attelage tiré par trois chevaux pour transporter les matériaux ainsi extraits et triés.
Les puits d’extraction étaient creusées sur tout l’arrondissement au hasard des demandes, c’est à dire de l’offre et qui avait entraîné une certaine instabilité du sol au point que le roi Louis XVI avait du, après un éboulement particulièrement meurtrier survenu rue d’Enfer (actuellement, avenue Denfert-Rochereau), susciter la création de l’Inspection générale des Carrières née ainsi dans le quatorzième. A mesure que les cartes avancent dans le temps on voit la zone des carrières s’étendre. Encore limitée au nord actuel de l’arrondissement chez Jouvin elle dépasse les limites dans de La Grive et Roussel.
Les cartes de Jouvin de Rochefort, de l’Abbé de La Grive puis de Roussel figurent très clairement l’emprise de ces carrières, petites exploitations souvent familiales, visibles sur les plans par les « treuils de carrière », édifices maçonnés, qui permettait, à travers des puits, de remonter à la surface les blocs de calcaire extraits des bans souterrains. Ces puits s’étendaient de la barrière d’Enfer[8] jusqu’aux actuelles communes de Montrouge, Vanves et Châtillon où demeure, heureusement protégé, l’ultime vestige de cette activité de plusieurs siècles, encore en état[9]. La carte de Roussel dans ses différentes éditions du XVIII° siècle (voir édition 1793), ajoute un élément supplémentaire sur ces carrières en indiquant « sous œuvre » pour bien montrer le caractère dangereux de ces activités souterraines.

L’Inspection générale pris comme première mesure l’interdiction des extractions jugée désormais trop dangereuses et le réemploi des carrières pour servir de catacombes où allaient être déposés, durant prés de deux générations, les ossements provenant des différents cimetières urbains que les mesures d’hygiène faisaient disparaître du centre de Paris.

Ainsi, l’édition de 1793 de la carte de Roussel continue à figurer les carrières mais en revanche on ne les voit plus sur le dessin minute de la carte d’Etat-major[10].Changement de destination économique que les cartes traduisent immédiatement.

b) Les moulins :
Autre activités du 14° dont les cartes rendent témoignage.
La carte de l’Abbé de la Grive donne autant d’importance aux moulins, moulins à vent qu’à l’activité d’extraction. On les retrouve sur la carte de Roussel .La comparaison entre ces deux cartes permet de relever un point intéressant et comment une activité peut être à l’origine d’une rue. Sur De la Grive, on distingue très clairement à la hauteur à peu près de la Fondation La Rochefoucauld d’un alignement de moulins dont on peut imaginer qu’un mauvais chemin les reliait les uns aux autres. Or dans Roussel, tirage de 1760, les moulins apparaissent moins nombreux mais désormais une voie est tracée. Chemin mieux dessiné mais pas encore vraie voie ( Ernest Cresson ?) qui n’apparaît pas encore dans les plans suivants…
La carte de Roussel à la différence de celle de De la Grive donne de nombreux noms de moulins. Le fait qu’ils soient ainsi dénommés montrent sans doute leur importance, car sinon pourquoi aussi bien les délimités.
Quelques noms : Moulins de la Pointe, de la Vierge, des Cornets ; Moulin neuf et moulin vieux ; Moulins de la Tour de Vanves, de Beurre, Moulin des trois cornets ou moulin janséniste, Petit Moulin ; Moulins de la Croix de Gord, du Moulin Vert, des Charbonniers, et bien sûr de la Tombe-Issoire et enfin Grand et Petit Moulin de Montsouris. Mais la liste est plus longue attestant d’une activité importante.


2° Partie :
L’évolution du patrimoine bâti : transformation et permanence

Le patrimoine bâti subit au cours des années de nombreuses évolutions. Les bâtiments disparaissent, sont reconstruits, changent d’aspect. Certains bénéficient de gravures ou de documents anciens qui permettent d’en connaître différents états. Les cartes et plans (Cadastre ou censive par exemple) figurent aussi certains bâtiments, parfois même en élévation ce qui permet d’en avoir une idée encore plus précise. C’est à travers eux que l’on va essayer de mieux connaître le patrimoine bâti du 14° à travers quelques exemples pris comme archétypes car il faudrait , comme cela se fait par les services de la ville de Paris, analyser parcelle par parcelle, immeuble par immeuble.

Le patrimoine bâti de l’arrondissement se compose de trois types d’habitat bien différenciés :
- un habitat de grands édifices classiques que l’on peut qualifier d’habitat monumental dont l’arrondissement est bien pourvu, avec des édifices de qualité ;
- un second type concerne les immeubles de logements humbles édifiés en moellons de calcaire grossier enduit de plâtre :
- enfin le troisième type concerne les immeubles haussmanniens ;
Pour être complet il faut ajouter deux types secondaires : les lotissements du 19° siècle et le logement social. Nous y reviendrons. Aux types liés à l’habitat il convient de joindre les édifices liés aux infrastructures et aux services dont l’arrondissement a toujours été abondamment pourvu. Parmi les infrastructures il faut penser particulièrement aux deux lignes de Chemin de Fer et à l’aqueduc d’Arcueil qui travers l’arrondissement. En dehors des canalisations souterraines il en existe de beaux vestiges comme les regards, en particulier celui visible de l’avenue René Coty et surtout la « maison du fontainier » de l’Avenue Denfert Rochereau figurée déjà sur le Plan de Gomboust.

1. Les grands domaines bâtis
Jusqu’au 18° siècle le futur quatorzième apparaît, à première vue comme relativement vierge de constructions. Avant d’entrer dans plus de détails on en distingue cinq. Les trois principales sont situées au nord, les bâtiments de l’Institution de l’Oratoire de Jésus et vis à vis l’Observatoire dont on sait par ailleurs que la construction date des années 1660[11], et enfin un vaste domaine à l’emplacement actuel de l’hôpital Cochin, possédé de 1613 à 1179 par les Capucins de Saint-Honoré[12].
Ces constructions de la partie nord de l’actuel arrondissement présentent une caractéristique supplémentaire.
Il s’agit de constructions du Faubourg Saint-Jacques, secteur que le Plan de Gomboust situe clairement hors de la Ville. C’est toujours, sans doute, la pensée de l’abbé de La Grive qui par sa présentation semble toujours mettre ce secteur hors de Paris, si l’on tient compte notamment du nouveau boulevard qu’il trace. En revanche cinquante ans après dans l’édition du Plan de Roussel qui fait figurer le mûr des Fermiers Généraux[13] cette partie est totalement incluse dans Paris, elle se retrouve au nord de la barrière d’Enfer au point qu’une nouvelle voie (actuel boulevard Raspail) sera créée pour aller de la barrière à l’actuelle Boulevard du Montparnasse. Cette partie du XIV° actuel est « parisienne » depuis le 18° siècle. C’est là qu’on trouve encore les beaux témoins de l’architecture classique.
Le quatrième bâtiment important que signalent les plans jusqu’au 18° siècle, situé au sud est, correspond à l’hôpital de la Santé actuellement Sainte-Anne.
Le cinquième concerne un autre établissement de santé la Maison de retraite de La Roche Foucauld, actuellement 15, avenue du Général Leclerc. L’origine d’un habitat important à cet endroit semble attesté par les cartes anciennes, par exemple Roussel 1760, même si l’établissement actuel ne date que de la fin du XVIII° siècle. En effet, la Maison royale de santé, appelée depuis 1821 maison retraite de La Rochefoucauld, a été construite en 1781-1783 pour les militaires et ecclésiastiques malades démunis de ressources. Le projet serait de Jacques-Denis Antoine. Il remonterait à 1776 et la fondation aurait été ouverte en 1780. Les travaux auraient été menés par Charles-François Viel (architecte de l’hôpital général en 1781) [14].Devant la demande un agrandissement a été réalisé, en 1802, par Nicolas-Marie Clavereau, architecte des hôpitaux

Pourtant, sur l’état des constructions sans doute faut-il rester très circonspect sur les données fournies par les premiers cartographes et ne pas limiter l’habitat aux seuls grands domaines. Leurs cartes n’ont pas la prétention d’être un cadastre. Elles notent les éléments remarquables et laissent de côté l’habitat commun, individuel. Elles se contentent des moulins ou pour notre arrondissement des puits d’extraction des carrières qui devaient être de réelles caractéristiques. L’habitat individuel (maisons) est suggéré plus que bien figuré mais on peut se reposer derrière Dulaure pour compléter les indications succinctes de De la Grive. Il décrit ainsi Mont-Souris : « hameau composé de moulins à vent, de guinguettes et de deux ou trois maisons bourgeoises » quant à la Tombe Issoire il semble que ce soit une maison « située dans le hameau de Montsouris. Au dessus de la porte de cette maison, on lit, sur une table de marbre, cette inscription : la tombe Isoire, 1664. Rebâtie par Antoine Cabot en 1777 »[15]. La carte de Roussel (édition de 1760) va aussi dans le sens d’une certaine densification de l’habitat.

2. Quelques cas remarquables :

Habitat :
Le nouveau village d’Orléans
Il date de 1834 époque où les lotissements étaient en vogue[16]. C’est un lotissement d’environ quatre cent quatre vingt ares situé à l’origine entre l’enceinte des Fermiers généraux et les Fortifications. Il sera rattaché à Paris en 1860. Parmi les lotisseurs on trouve un Javal d’une famille de fabricants-marchands de tissus d’indiennes en gros[17] et fournisseur des armées, reconvertie dans la banque depuis 1819 [18].
La référence anglaise est attestée dans les prospectus du Nouveau Village d’Orléans. Le « lotissement (…) donne également lieu à la construction d’un square, en fait une sorte de crescent dont l’accès est clos par une grille, bizarrement orné d’une fontaine en son centre, face à une petite place carrée au coin de laquelle devait être installé un café . Une importante extension ultérieure consiste en une croisée de voies supplémentaires et en une rue courbe qui sert de frontière nouvelle et referme le lotissement sur lui même par la figure même de son tracé.» (d’après Philippe Gresset cité en note).
Mais ce lotissement perdra son cahier des charges après le rattachement de « Petit-Montrouge » en 1860 et restera inachevé. Les constructions initiales semblent avoir disparues ou perdu leur premier état, en dehors d’une gravure et de quelques projets liés au projet de lotissement il ne reste que peu de chose. Ainsi ce sont les plans de Paris successifs qui vont le mieux nous renseigner et nous permettre de comprendre l’évolution de ce secteur témoin d’un habitat si caractéristique.
Arrêtons nous sur quelques documents qui vont permettre de distinguer les trois étapes de ce lotissement.
- habituellement ceux qui s’intéressent à ce lotissement partent de sa création et semblent le faire démarrer ex nihilo. Pourtant il y a un document très intéressant qui est le dessin-minute de la carte d’Etat-major de 1819. Il est antérieur donc de plus de dix ans du lotissement mais il révèle que le secteur n’était pas vierge de tout projet. On note très bien 3 rues établies en parallèle avec une place circulaire et l’esquisse de quelques constructions (Dessin minute de la carte d’Etat major de 1819) Il faudrait pouvoir pousser l’analyse, car cela peut avoir deux significations : soit le relevé est plus tardif et date, en fait, des années 30, soit antérieurement au projet du « Nouveau village d’Orléans », il y en avait déjà un autre. L’étude plus poussée des archives ou des plans permettrait de réponde à cette question et d’affiner l’histoire du bâti du 14° arrondissement.
- Quarante ans après, dans l’Atlas de Lefebvre (feuille Montrouge), le lotissement figure clairement dans sa réalisation et ses prolongements. Réalisation avec en particulier la demi-lune au nord (actuellement rue Hallé) mentionnée par tous les auteurs qui n’hésitent pas à employer le terme anglais de crescent pour la définir en référence à l’architecture géorgienne (Bath, par exemple) et de nombreuse parcelles désormais figurées avec les constructions qu’elles portent. Prolongements, notamment avec l’extension du lotissement sur le même principe, c’est à dire avec une reprise des places circulaires –forme assez originale et peu usitées en dehors des grands carrefours- : angle des rues Du Couédic et Hallé ; et son vis à vis rue du Commandeur, qui elle même épouse aussi pour sa totalité une forme en ellipse. Il y a donc là création d’un quartier totalement « artificiel » par rapport au parcellaire ancien. Marque d’un quartier voulu résolument résidentiel, tournant le dos au passé rural et de petit artisanat du quartier. Il n’a rien à voir avec par exemple la Cité Chauvelot,[19] distante d’à peine 500 mètres réalisée elle autour d’une emprise industrielle.
- Actuellement les plans montrent que ce secteur garde son caractère des années 1840, mais depuis une quinzaine d’années les maisons basses cèdent la place à des immeubles. Il ne reste que quelques exemples du 19° siècle. Pour combien de temps ? Mais le nouveau parcellaire n’est pas modifié.


Infrastructures et bâtiments publics :

Le Cimetière du Montparnasse :
A l’origine les parisiens sont enterrés dans les cimetières qui entourent les Eglises ou des couvents voire sous le dallage du chœur ou de la nef. L’hygiène se ressentait beaucoup de ces inhumations effectuées sans aucune règle. On connaît les problèmes autour du cimetière des Innocents au quartier des Halles. Le Parlement de Paris avait essayé d’interdire le 21 mai 1765 les inhumations dans les églises mais les habitudes étaient trop enracinées. Le 1° janvier 1766 était ordonnée la fermeture des cimetières paroissiaux intra muros. Mais là encore le statu quo avait été de mise devant les oppositions. Finalement c’est l’éboulement d’une fosse commune du cimetière des Innocents qui a failli entraîner la mort du fait des émanations toxiques de plusieurs personnes qui amène la prise de mesures énergiques dont le 14° arrondissement allait être un des premiers bénéficiaires. Pour deux raisons, primo parce que la totalités des corps extraits[20] des cimetières urbains allaient être transférée dans les anciennes carrières de calcaires de la place Denfert dont l’extraction était parallèlement interdite ; secundo parce que de nouveaux cimetières allaient être créés dont le célèbre Père Lachaise (Décision du Préfet de la seine Frochot du 12 mars 1801, ouverture effective le 21 mai 1804). La rive gauche devait attendre la Restauration pour voir la création « hors les mûrs » d’un cimetière, celui dit du Sud, actuellement Montparnasse, ouvert le 25 juillet 1824. Ce cimetière fut donc toujours un cimetière « parisien » à la différence d’autres, par exemple Vaugirard, Auteuil, Passy, Charonne et Montrouge (désormais entre le boulevard Brune et le périphérique –Voir carte du Département de la Seine, feuille 63, dressée en 1900, au 1/5000)) qui à l’origine furent les cimetières des communes rattachées à Paris en 1860.
Là encore la comparaisons de plusieurs cartes est intéressante. Sur le dessin minute de la Carte d’Etat-major de 1819, le cimetière qui d’ailleurs porte bizarrement le nom de « cimetière de l’Est » est dessiné. Son emprise devait sans doute être précisée depuis la décision du Préfet Frochot. Sur la carte de l’Atlas de O.T. Lefebvre, en revanche on note que l’emprise est beaucoup plus importante puisqu’elle va jusqu’au boulevard Raspail ‘à l’époque boulevard d’Enfer. L’absence d’un tracé régulier d’avenues montre qu’il s’agissait d’une emprise de « précaution » qui n’aura finalement pas à être utilisée lorsque Paris sera agrandi jusqu’aux fortifications et que de nouveaux cimetières parisiens seront créés notamment à Ivry (1874) à Bagneux (1886) et à Thiais (1929) pour les plus proches du quatorzième arrondissement.

Une activité nouvelle : les gares :
Notre arrondissement possède deux gares, ce qui là aussi lui confère une originalité certaine. A l’origine elles avaient sensiblement la même taille et celle de Denfert fut certainement, en son temps plus spectaculaire.
La carte Etat-major 1832, surchargée, tirage 1847, témoigne d’un fait bien oublié actuellement, la situation de la première gare Montparnasse, à l’époque « gare de l’Ouest ». Il s’agissait alors d’une des toutes premières lignes, Paris à Versailles, ouverte en 1840, et le terminus en avait été établi sur l’Avenue du Maine c’est à dire en limite de la ville d’alors, sans qu’il soit question d’une place comme actuellement. Celle-ci n’apparaîtra clairement qu’après la création de la première gare visible par exemple sur le Plan de O.T. Lefebvre, la gare étant entre temps devenue le terminus des lignes de l’Ouest (reconstruite en 1848 et 1852 au débouché de la rue de Rennes avec le Boulevard du Montparnasse).
L’autre gare, celle de l’embarcadère du Chemin de fer de Sceaux, est elle aussi intéressante. Cette ligne a été ouverte le 23 juin 1846. Elle marque une étape dans le développement, technique, des chemins de fer. En effet jusqu’alors les lignes devaient être le plus rectiligne possible. Avec la ligne de Sceaux un nouveau procédé est trouvé par l’ingénieur Arnoux qui propose le premier train articulé rendant possible la circulation en courbe de faible rayon. Ainsi, en plus du tracé qui sera plus sinueux que ceux des lignes déjà construites, ce procédé trouvera un de ses développements dans la forme de la station établie en boucle permettant au train de repartir en sens inverse sans changement de locomotive. Forme que la station possède toujours…

Un exemple postérieur à 1860, pour lequel la lecture des cartes permet aussi de mieux comprendre les évolutions.

Le secteur Sarrette.
Le lotissement du secteur de la Rue Sarrette est intéressant.
Il faut sur ce point comparer deux cartes : l’Atlas des communes, feuilles Montrouge de O.T. Lefebvre de 1860, et la feuille 63 de la Carte du département de la Seine, au 1/5000, de 1900, c’est à dire deux cartes assez proches dans le temps.
Sur la première, le secteur est vierge de constructions sauf dans la partie jouxtant la route d’Orléans et dans la partie Nord avec le lotissement du village d’Orléans évoqué plus haut. A l’Est la rue de la voie verte (actuellement, rue du Père Corentin) vient fermer le secteur. .
Sur la seconde la rue d’Alésia vient désormais délimiter un nouveau triangle dont l’autre coté est formé par une voie nouvellement percée, la rue Sarrette. Entre les deux un réseau de voies (Couché, du Loing, du Lunain) délimite l’espace. On note, et cela montre la nouveauté du quartier que deux rues (actuellement, Leneveux et Marguerin) n’ont pas encore de nom. Comment tout cela se marque à travers le bâti ? Par la concentration d’immeubles dits haussmanniens qui se trouvent dans ce secteur remarquable par leur façade, leur hauteur correspondant au nouveau règlement d’urbanisme et le matériau employé.
Mais allons au delà. Sur ce plan de 1900, une rue existant actuellement manque : la rue Marie-Rose. Or cette rue est caractérisée par deux édifices : le couvent des Franciscains et le bâtiment qui fait l’angle avec la rue du Père Corentin. Deux édifices des années trente remarquables par l’usage de la brique.
Ainsi dans ce secteur trois types de constructions cohabitent : dans les voies les plus anciennes (villages d’Orléans) celui de la première moitié du 19° siècle, dans le secteur Sarrette, l’haussmannien, et dans un sous secteur urbanisé tardivement l’habitat de l’Entre Deux Guerres. De tout cela les plans rendent parfaitement compte.


La lecture des cartes et plans demeure donc une source importante pour la connaissance de l’histoire des territoires, tant pour l’occupation des sols que pour le bâti. Elle permet de mieux les comprendre et d’en suivre les évolutions. Mais cette connaissance ne soit pas rester uniquement scientifique, elle doit servir chaque fois que se pose le problème du développement urbain et de la requalifiaction. Il n’y a pas d’urbanisme sans connaissance approfondie de l’existant.

Notes:

[1] Composé de neuf feuilles de 0,50 m x 0,44 m. Premier plan offrant une multitude de détails : cf. Bonnardot, Etudes archéologiques sur les anciens plans de Paris, (1851) et Jean-Michel Le Moel, Les singularités du plan de Jacques Gomboust, 1652, Cahiers du Crépif n°50, mars 1995.
[2] Le Paris ancien (18° siècle) couvrait 3437 hectares limités par le mûr des Fermiers Généraux. En 1860 l’annexion de l’espace situé entre ce mûr et les fortifications élevées après 1841 concernait 5262 hectares.
[3] Voir Pari XIXème siècle, l’immeuble et la rue, éditions Hazan, Paris, 1987.
[4] Pour ces détails et ceux qui suivent nous nous référons à Histoire et dictionnaire de Paris, par Alfred Fierro, ed. Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1996.
[5] La partition de 1860 ampute Montrouge d’environ 50 % de sa superficie.
[6] Selon Dulaure, Histoire de Paris, Tome IX ,éd. 1929, p. 184, l’aqueduc d’Arcueil alimentait cinq fontaines : les fontaines Saint-Michel (toujours en place), Sainte-Geneviève (en haut de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève devant l’entrée de l’Ecole Polytechnique), du Pot de Fer (toujours visible à l’angle de cette rue et de la rue Mouffetard, et dans le quatorzième actuel, la fontaine des carmélites, rue du Faubourg Saint-Jacques et « qui provient d’une dérivation de la fontaine des Carmélites, la fontaine de la rue d’Enfer, près des Carmélites ». Par décret du 2 mai 1806 créant quinze nouvelles fontaines à Paris en plus des 66 existantes deux nouvelles furent branchées sur l’aqueduc d’Arcueil : celle de l’angle des rue Censier et Mouffetard et celle du carrefour de la rue du jardin des Plantes et l’actuelle rue Geoffroy Saint-Hilaire. L’aqueduc fournissait au début du XIX° siècle, toujours selon Dulaure (op.cit. p. 195) 96 600 litres par jour (mesure à vérifier Dulaure parle de kilo litres)
[7] Cf. : Dulaure, Histoire de Paris, éd. 1829, tome VIII, p. 431.
[8] Dans la carte de l’Abbé de la Grive ils vont jusqu’à l’actuelle limite sud du VI° arrondissement (voir carte). On peut sans doute déduire qu’ils ont reculé à mesure que la ville s’étendait et se construisait dessus. Dans le V° le Val de Grâce est ainsi édifié sur d’anciennes carrières qui coûtèrent la vie du gardien qui s’y aventura et s’y perdit en 17
[9] Situé au 19 de la rue Ampère. Inscrit, le 5/08 /1992
[10] Minute de la carte d’Etat-major, feuille 60, au 1/10 000 (campagne de 1819).
[11] La carte de l’abbé de La Grive figure par un trait le méridien de Paris qui servira de repère sur les cartes ultérieures.
[12] D’après le Dictionnaire des monuments de Paris, éd. Hervas, Paris, éd. 1997. Déserté, le noviciat fut converti en 1785 en hôpital régulièrement agrandi depuis.
[13] C’est à dire l’édition de 1790 et non celle de 1760 d’origine.
[14] Renseignements d’après le brève notice sur ce monument dans le Guide du Patrimoine-Paris sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos Hachette 1994.
[15] Dulaure, Histoire de Paris, Tome IX, éd. 1829, p. 218.
[16] Pour comparer : Parc de Maisons [Laffitte], 1834, Hameau Boileau à Paris, 1838.
[17] Production à Mulhouse et Thann d’après Bruno Centorame, Le Sentier, Bonne Nouvelle, Action Artistique de la ville de Paris, Paris, s.d. page 157.
[18] Selon Philippe Gresset, in Les cahiers de la recherche architecturale, n°38-39, « les banlieues doivent-elles disparaître ? ». qui cite l’étude sur le lotissement effectuée par R. Olsson dans le cadre du CEAA Architecture urbaine, école d’architecture de Paris-Villemin, 1986.
[19] De l’autre côté de l’avenue du Général Leclerc entre les rues du Moulin Vert et d’Alésia.
[20] Ce furent les ossements de six millions de parisiens qui furent ainsi transférés durant le XIX° siècle en plusieurs « campagnes ».
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